Expériences

 

 Laurence (Parque Ambue Ari)




"Ma première expérience à Inti Wara yassi remonte à la fin de l'année 2013. Passionnée de félins, j'avais choisi le parc Ambue Ari. Epuisée par un long voyage et un peu stressée de l'inconnu, je suis arrivée en fin de journée. Je devais attendre le lendemain pour savoir de quel animal j'allais m'occuper. Ce fut une des pires nuits de ma vie! Trois autres volontaires étaient arrivés le même jour et je craignais de ne pas être affectée à un félin. En plus, je venais d'apprendre qu'on ne pouvait voir que les animaux avec lesquels on travaillait. Allais-je retourner en France sans même avoir vu un jaguar, ou un puma?
J'étais aussi déçue de découvrir que les volontaires parlaient principalement en anglais, moi qui voulais profiter de ce voyage en Amérique du Sud pour améliorer mon espagnol.
Transpirant à grosses gouttes sous ma moustiquaire et me tournant dans tous les sens sur le matelas de paille, j'en ai fait des cauchemars!
Le lendemain, après encore un peu de patience, on m'a enfin dit ce que j'allais faire: je passerai mes matinées avec Lazy Cat, un ocelot femelle, et mes après-midis avec les sœurs pumas, Wara et Yassi! J'étais plus que comblée.
J'étais seule le matin pour promener Lazy Cat et avec deux autres volontaires l'après-midi pour promener les sisters, comme on les appelle là-bas. Certains jours, j'allais aider les volontaires qui travaillaient à la construction d'une nouvelle cage pour un des jaguars. J'ai donc eu la chance de voir Rupi, le plus gros jaguar du camp! Majestueux, j'ai pu lire toute la sagesse de la Nature dans son regard. Ce qui m'a motivée pour porter les sacs de sable et de pierres, dans la boue, durant ces rudes journées de construction!
Du travail difficile, des horaires à respecter, les moustiques, partout!, la peur parfois, à la découverte dans les chemins de traces laissées par un jaguar sauvage, et le ras-le-bol aussi parfois, de se concentrer pour parler et comprendre une langue que je ne maîtrisais pas forcément.
Mais ce fut une expérience tellement extraordinaire, tellement enrichissante, que j'ai choisi, pendant le temps qui me restait jusqu'à mon avion de retour, de rester au parc plutôt que d'aller visiter, comme je l'avais prévu, les merveilles de la Bolivie. Mais ce fut tout de même trop court: rentrée en France à Noël, je repartais, dès février, voir mes félins adorés.

Cette seconde expérience fut tout aussi formidable et magique. La saison des pluies n'étant pas tout à fait terminé, les volontaires étaient peu nombreux au parc. Pour pallier à ce manque, tous les volontaires présents travaillaient d'arrache-pied: le matin, préparer la nourriture pour les "house animal" (les tapirs, les autruches, les perroquets, les toucans, etc), nettoyer leurs enclos, nettoyer le parc aussi, les chambres, les toilettes, etc. J'ai eu l'occasion de marcher de nouveau avec les sisters, Lazy cat, avec Léoncio aussi, un puma adorable, d'aller nourrir des chats que je n'avais jamais rencontrés.
Les volontaires arrivant petit à petit, j'ai pu me concentrer sur l'animal auquel on m'avait affectée: je passais toutes mes journées avec Koru, un jeune puma âgé de 6 ans.

Koru n'est pas très grand, et il a des problèmes digestifs. La cause en est à son passé: avant d'arriver au parc, il vivait dans un camp militaire, attaché sous un banc, avec un autre puma, mort désormais. Les officiers ne lui donnait quasiment pas à manger, des pâtes de temps en temps et un peu d'eau. Tristes mascottes. Maintenant, Koru ne peut manger que de la poitrine de poulet, sans os ni cartilages. Au parc, c'est le chat qui coûte le plus cher en nourriture!
Koru est très actif et très joueur. Il est aussi très intelligent. Son affection est subtile et ce n'est pas le genre de puma qui va s'arrêter au milieu du chemin pour demander des caresses et des gros câlins! Mais c'est un bad boy au grand cœur.
Comme Koru, étant plus jeune, avait tendance à être très joueur et à trouver ça drôle de sauter sur les volontaires (toujours pour jouer, mais avec les griffes!), il est promené avec deux cordes. Au cas où il veuille sauter sur un des volontaires, l'autre peut le retenir et vice versa.
Il faut être assez attentif, surtout au début de la ballade. Avant de partir se promener, on attache Koru à son runner (une grande corde tendue entre deux arbres) et il peut courir et jouer; on lui lance des ballons, et il devient fou quand on joue avec une bouteille en plastique attachée à un grand bâton. Ça lui permet de dépenser son énergie.
Quand il est bien crevé seulement on part.
Koru a des chemins magnifiques, taillés à travers une jungle impressionnante de beauté: on peut aller jusqu'en haut d'une petite montagne, et aussi jusqu'à des chutes d'eau. Des marécages, des endroits plus "forêt", des arbres immenses, du vert, partout. De la boue, des insectes, des serpents parfois.
Koru adore sa jungle, et c'est un intense bonheur de parcourir tous ces chemins avec lui. Comme tous les félins, Koru dort beaucoup. Son record, 6h30 de sieste sur le même tronc, n'est pas prêt d'être battu!
De la patience, toujours et encore. De l'amour, de l'humilité. Ne pas tenter d'apprivoiser un animal qui ne doit pas l'être, le respecter. Du courage aussi, pour supporter des journées parfois longues, dans une jungle souvent hostile: marcher dans des marécages peu ragoûtants, être trempée, avoir froid, être fatiguée, manger un œuf dur et une banane debout, les bottes dans l'eau... Mais à croire que les défis rendent plus forts; j'ai l'impression de n'avoir jamais été aussi en paix que dans cet écrin vert.
Et en effet, que de compensation: l'hostile Amazonie devient parfois un petit bout de paradis, à la faveur d'un arc-en-ciel dans un coin de ciel bleu, de la fugitive vision de grands perroquets volant au-dessus des arbres, de groupes de singes qui, sous les yeux ébahis de votre puma, se font d'agiles petits clowns, à ces milliards d'étoiles qui envahissent le ciel la nuit tombée, ou encore à l'occasion d'une soirée entre volontaires, à partager quelques bières et nos histoires de chats.

Les 25 chats d'Ambue Ari ont tous une histoire. Chacun d'eux a un passé, empli de souffrances. Ils ont besoin de beaucoup d'amour, eux qui vont passer leur vie en captivité.
Quand Koru est arrivé, le parc manquait cruellement d'argent. C'est pour ça qu'il vit dans un enclos très petit.
C'est génial, de voir Koru passer ses journées dans la jungle plutôt qu'enfermé dans sa cage, pas suffisamment grande. Mais ce n'est pas toujours possible: quand il n'y a pas assez de volontaires, les chats ne se promènent pas.

Je sais que ma prochaine expérience à Ambue Ari ne se fera pas de sitôt, mais en attendant, je rêve de récolter suffisamment d'argent pour pouvoir un jour construire une nouvelle cage pour Koru, et j'espère participer à sa construction, et porter des cailloux et du sable dans la boue, et dans la bonne humeur!"


Jonathan (Parque Ambue Ari)




"Je suis arrivé à Ambue Ari un peu par hasard, je voyageais depuis 2 mois et demi en Amérique du Sud, et je cherchais quelque chose de différent, je savais pas vraiment quelle direction allait prendre mon voyage.
Et j’ai rencontré quelqu’un qui m’a parlé du parc, l’idée m’a tout de suite emballé et on a rejoint le parc 4 jours plus tard.
Je savais pas trop à quoi m’attendre, tout ce que je savais c’est que j’allais sûrement travailler avec des félins.
On est arrivé assez fatigué de Santa Cruz, et on a été tout de suite bien accueilli par Gill la responsable du parc qui nous a expliqué comment tout fonctionne: les tâches diverses et variées qu’on aurait le matin, les règles de sécurité et les règles du camp.
La première nuit au camp, la première nuit dans la jungle, avec le bruit des singes hurleurs, des insectes, et les moustiques autour de ma moustiquaire.
Et la journée commence à 6h30 le lendemain matin.
Je ne savais pas tout de suite avec quels félins j’allais travailler (tout le monde parlait de son félin en disant “chat”, ce que je trouvais très drôle au début), mais j’étais déjà mis à contribution pour aider au camp (transporter une cage de 2m sur 1m50 pour un Jaguar dans les marécages n’est pas une tâche facile).

Ce n’est que le lendemain que j’ai rencontré le premiers chat avec lequel j’allais travailler, et celui qui est devenu mon préféré: Leoncio le puma, Léo de son petit nom.
Après 20 minutes de marche dans la jungle, on arrive à la cage en disant “Hola Leo”,  et on a la bonne surprise de voir un puma nous attendre. On s’assoit sur le banc en face, et Antoine, mon nouveau collègue, me dit de mettre les mains dans la cage pour lui donner de l’affection.Mettre les mains pour la première fois dans la cage d’un puma est quelque chose de très intimidant!
Une journée avec Léo, c’est des sprints dans la Jungle, des siestes sur des troncs d’arbres et des embuscades dans les arbres, et souvent des petits moments anodins, mais qui font toute la différence: une démonstration d’affection particulière, le voir courir après un écureuil, ou simplement les acrobaties qu’il met en œuvre pour ne pas se mouiller les pattes.

Leo a eu une vie difficile avant d’arriver au camp, vendu encore bébé, sa mère a été tuée et lui vendu sur le marché noir.Il a atterrit dans une famille, quand il a commencé à grandir et à devenir trop joueur, ils l’ont battu.
Un soir les voisins ont entendu Leo pleurer, ils ont appelé la police qui l’a trouvé avec les deux pattes arrières cassées. Puis il est arrivé plus tard au Parc Machia et ensuite transféré à Ambue Ari.
Il lui a fallu du temps pour récupérer, mais il est maintenant un puma avec un bon cadre de vie!

J’ai appris à travailler avec lui, marcher dans la jungle avec lui et j’ai appris à l’aimer également.
Ce que ce puma m’a apporté est une des expériences les plus fortes de ma vie.

J’ai également travaillé avec Tupac un gros puma grincheux, et les gatitos, deux chat de Geoffroy très affectueux, mais je ne veux pas trop m’éterniser sur mon expérience, il y a tellement à raconter! 
C’est pas facile tous les jours, le travail est dur et les conditions difficile (les moustiques sont un vrai fléau), mais c’était facile à supporter parce que les animaux nous apportaient beaucoup et il y a une grande solidarité au camp entre les volontaires, on s’entraide.

J’ai décidé au bout de deux mois de quitter le camp, et de continuer à voyager.
J’avais plusieurs raisons, j’étais physiquement fatigué, et je pense que j’avais besoin de m’éloigner un peu du camp pour faire le point.

Mais mon voyage n’avait plus du tout la même saveur après Ambue Ari: j’avais l’impression d’avoir laisser quelque chose de très grand derrière moi.

J’étais vraiment triste de quitter le parc, et de retour en France j’ai cherché un moyen d’y retourné rapidement.
Et c’est chose faite, j’ai maintenant la possibilité avec mon nouveau job d’y retourner 2 mois tous les ans!
Alors a bientôt Ambue Ari!"

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